La BEI prête à prêter
31 octobre 2017
Ce lundi 30 octobre, Jean-Louis d’Anglebermes, vice-président du gouvernement, a reçu Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI). Une visite d’information très prometteuse, d’autant que la BEI vient de signer deux nouveaux accords, avec la BCI et l’AFD.
Ambroise Fayolle a présenté succinctement les différents outils mobilisables en Nouvelle-Calédonie, « à des conditions extrêmement favorables », et éventuellement combinables avec d’autres dispositifs européens ou internationaux. Il a rappelé que le dernier projet d’envergure avait été le financement du Médipôle avec l’Agence française de développement (AFD) et que les deux secteurs prioritaires de la BEI étaient le changement climatique et le soutien au développement des énergies renouvelables, ainsi que l’appui aux petites entreprises privées.
Ça tombe bien, la BEI vient d’accorder à la BCI un prêt de 20 millions d’euros pour lui permettre de financer des projets portés par des entreprises de moins de cinq salariés ou installées en Brousse. Elle a également passé un nouvel accord avec l’AFD. Explications de son vice-président : « Nous avions signé un prêt qui concernait les DOM, auquel les TOM n’étaient pas éligibles. Nous avons depuis changé la réglementation pour faire bénéficier les PTOM de ce dispositif. Et nous venons de nous engager sur une enveloppe de 30 millions d’euros que l’AFD réservera aux PTOM comme la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française ou encore Saint-Pierre et Miquelon ».
Lors de cette visite d’information, il a aussi été question de « zones de croissance » sur la côte est et aux Loyauté, dans des régions privées de bassin d’emplois, et en particulier d’un projet autour de Hienghène qui tient à cœur à Jean-Louis d’Anglebermes et qui allierait tourisme, développement durable et numérique. À la clé, des centaines d’emplois pour des jeunes désœuvrés et désireux avant tout de rester sur leurs terres et de ne pas « descendre » vivre à Nouméa.
La délégation calédonienne a également évoqué devant ses visiteurs la situation de communes comme celle de Bélep, ravitaillée par les corbeaux, où les habitants doivent prendre l’avion jusqu’à Koumac pour leurs démarches administratives. « Afin de fixer les populations sur leurs lieux de vie, il faudrait qu’elles puissent disposer d’outils bancaires près de chez elles », a précisé Alain Pidjot, directeur adjoint de Fiposte, la filiale de l’OPT qui travaille sur le projet de banque postale.
Plus tôt dans la matinée, le Service de la coopération régionale et des relations extérieures du gouvernement (SCRRE) avait organisé une réunion technique avec les clusters (maritime, expertise et innovation, agroalimentaire, énergies renouvelables, export, déchets, maintenance, éco-construction) et les représentants des trois provinces. L’opportunité de présenter un certain nombre de projets calédoniens – barrage de Pouembout, centrales photovoltaïques, dock flottant pour le carénage de navires de grande taille… – et de voir dans quelle mesure la BEI pourrait aider à leur financement. Le n° 2 de l’institution y réfléchit déjà : « Vu que la BEI est liée à l’Accord de Paris sur le climat, que la Nouvelle-Calédonie s’est dotée d’un schéma pour la transition énergétique très ambitieux, que la conscience des porteurs de projets relatifs aux énergies renouvelables est de plus en plus aiguisée, ça vaudrait le coup d’étudier de nouvelles possibilités de financements. Dans ce cadre, l’Agence calédonienne de l’énergie (ACE-NC) pourrait être un bon interlocuteur ».
75 milliards d’euros prêtés en 2016
Fondée en 1958, la BEI est la première institution financière multilatérale au monde. Son volume de prêts s’est élevé à 75 milliards d’euros en 2016 : 90 % au sein de l’Union européenne, 10 % en dehors. Elle apporte son soutien et finance des projets contribuant au développement économique dans plus de 140 pays en dehors de l’UE. Elle a débuté ses activités dans le Pacifique en 1963 et a soutenu depuis 106 projets dans douze pays : 39 % en PNG, 18 % en Polynésie française, 16 % à Fidji, 11 % en Nouvelle-Calédonie, etc. Dans le Pacifique, elle intervient autour de deux axes principaux : le financement de projets liés au changement climatique (énergies renouvelables, protection de l’environnement…) et l’appui aux micro, petites et moyennes entreprises du secteur privé.