Des entreprises innovantes et créatives
04 mai 2017
Ce mercredi 3 mai, dans la pépinière Centre Sud, Philippe Germain a remis à quatre entreprises calédoniennes le prix BIC : Business, Innovation, Creativity. Elles avaient été primées lors de la conférence internationale organisée par OCTA* Innovation aux Açores les 12 et 13 avril derniers.
Issus des secteurs des énergies renouvelables, des économies numérique, verte ou bleue, ou encore de la culture, cinquante projets avaient été déposés sur le bureau d’OCTA Innovation. Vingt-trois d’entre eux ont été nominés avant d’être soumis à l’examen d’un jury. Au final, quatre des neuf entreprises calédoniennes retenues ont été récompensées par le prix BIC décerné selon trois catégories : Entreprise, Innovation et Créativité. Elles bénéficieront d’une belle visibilité au niveau européen et dans les Pays et Territoires d’outre-mer (PTOM) de l'Union européenne, leurs initiatives étant relayées et présentées comme modèles sur toutes les plates-formes audiovisuelles et numériques de communication de l'OCTA et de l'UE.
Le lauréat de la catégorie Entreprise, Agrilogic Systèmes, développe et commercialise des systèmes de culture hors sol, avec des intrants bio et plus aucun engrais de synthèse. « Depuis vingt ans, nous proposons aux maraîchers et horticulteurs des solutions techniques permettant de réduire l’empreinte écologique, susceptibles de donner des rendements intéressants et tournées vers l’autoproduction », explique Joël Despujols, fondateur et gérant.
Primé, à l’instar de Visioon (lire encadré), dans la catégorie Innovation, Alternative Constructions propose des constructions limitant le second œuvre, à base de pisé de terre stabilisé, un éco matériau compacté en fines couches entre les coffrages, qui diminue l’impact environnemental. Après en avoir doté trois bâtiments du collège de Païamboué à Koné, la société a construit une première maison témoin bioclimatique sur terres coutumières pour un GDPL de Baco (d’autres suivront à Bourail), ainsi qu’un grand mur traversant ornemental à la Chambre des métiers et de l’artisanat de Koné. « Aujourd'hui, ce prix est l’aboutissement d’un combat permanent pour pouvoir accéder à une normalisation des constructions en pisé », souligne Clovis Mutin, fondateur et gérant.
Sur le marché des jeux sérieux, présentiels et virtuels, à caractère éducatif et pédagogique, Pacific Game Lab décroche les honneurs de la catégorie Créativité. « L’objectif est de réconcilier l’apprentissage et l’amusement », affirme César Delisle, cofondateur d’une société entrée en incubation en 2016 et qui finalise l’implantation d’un premier jeu, de cartes, type Memory. Un jeu basé sur le programme d’histoire des collèges calédoniens et destiné aux révisions ludiques des dates clés. « Au lieu de réciter les leçons seul à la maison, on apprend en famille ou au CDI du collège, et on s’auto-évalue en groupe tout en jouant. » Le prototype a été validé par le vice-rectorat et le Centre de documentation pédagogique. Un deuxième jeu, de plateau, nom de code « Le chemin de l’igname », est dans les tuyaux. Sa vocation : sensibiliser à l’apprentissage de la culture kanak en offrant un support original aux enseignants et aux parents.
« Pour une première participation, les entreprises calédoniennes ont récolté une véritable moisson de récompenses qui prouve leur dynamisme, note, satisfait, Philippe Germain. La mise en œuvre d’une stratégie pour l’innovation s’inscrit dans un ensemble d’actions visant à réformer en profondeur notre modèle économique et à améliorer notre compétitivité. Aujourd'hui la Nouvelle-Calédonie fait la démonstration de sa réelle capacité d'innovation, laquelle favorisera notamment l’autosuffisance alimentaire, l’autonomie énergétique et permettra de développer les exportations hors nickel ».
Pour Efstratios Pegidis, chef du bureau de Nouméa de la délégation de l'Union européenne pour le Pacifique, « l'innovation constitue un moyen efficace et pertinent pour les PTOM de s’intégrer dans leur environnement régional, de résoudre les principaux problèmes auxquels nos sociétés sont confrontées, comme le changement climatique, la pénurie d'énergie ou le vieillissement de la population, et de créer des emplois que la crise internationale a détruits ». Le représentant de l'UE évoque Einstein qui disait : « Une personne qui n’a jamais commis d’erreur n’a jamais tenté d’innover ». Et, selon lui, « le plus gros des risques serait de ne pas en prendre » !