L'Etat conforte la Calédonie sur la scène régionale

05 avril 2017

Information

Un parterre d'ambassadeurs unis autour de Philippe Germain et Thierry Lataste.

La première réunion entre le réseau diplomatique français pour l’Océanie et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie était organisée au Creipac les 16 et 17 mars, à l'invitation du haut-commissaire Thierry Lataste et du président Philippe Germain. L'objectif de ces échanges était de définir une véritable « politique partagée » entre l’État et la Nouvelle-Calédonie en matière d’intégration régionale. Objectif plus qu'atteint, tant les deux délégations ont semblé en phase durant ces journées.

Les échanges ont porté sur la politique d’intégration régionale des collectivités françaises, l'intégration économique et commerciale de la Nouvelle-Calédonie dans la zone Pacifique et les moyens que l’État peut mobiliser en ce sens, la gestion durable des océans ou encore l'élaboration d’une stratégie concertée entre les actions menées par l’État et l’Union européenne en faveur de la Nouvelle-Calédonie.

« Cette réunion, qui était une première, aura été constructive et très enrichissante, au-delà de mes espérances, s'est félicité Philippe Germain, qui conduisait la délégation calédonienne composée du vice-président de la province Nord, Victor Tutugoro et de Bernard Deladrière, membre du gouvernement en charge notamment de la francophonie. Merci à l'État d'avoir accepté de l'organiser. L'ensemble du corps diplomatique français de la région a joué le jeu, on a pu constater tout au long de ces deux jours qu'il était vraiment en phase avec nous et qu'on bénéficiait d'un véritable soutien, y compris au niveau central de l'État ».

Une visioconférence mensuelle

Les deux délégations sont en effet tombées d'accord sur la nécessité de mieux structurer leur coordination dans l’exercice de la compétence partagée en matière de relations extérieures. Elles se sont par exemple engagées à instaurer un dialogue opérationnel efficace, au travers notamment d’une visioconférence mensuelle entre gouvernement, administration centrale de l’État et haut-commissariat.

« La Nouvelle-Calédonie crée la dynamique, exprime ses besoins, et nous l'accompagnons en lui apportant notre soutien autant que nécessaire, précise Christian Lechervy, Secrétaire permanent pour le Pacifique. Des interrogations ont été exprimées dans certains domaines, et nous avons pu préciser les modalités dont nous avions parlé ensemble il y a quelques semaines ».

Renégociation des accords avec l'UE

Les principales interrogations concernaient la coordination des moyens entre Nouvelle-Calédonie, État et Union européenne, premier bailleur de fonds international de la région. D'autant que la Grande-Bretagne, qui compte elle aussi plusieurs territoires ultramarins, se retire de l'Europe, que la position d'autres partenaires comme les Pays-Bas semble évoluer, au moment où l'UE s'apprête à redéfinir ses relations avec le groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP)*. Une période charnière, surtout que Philippe Germain, dont le gouvernement s'est mis « en ordre de marche en vue de la renégociation des accords avec l'UE pour être prêt en 2020 », souhaite que la Commission européenne redonne aux PTOM (Pays et territoires d’Outre-mer) un statut de tête de pont des politiques régionales européennes.

Sur ce point, les deux délégations ont confirmé qu'elles continueraient à travailler en étroite concertation pour améliorer la visibilité de l'UE et des PTOM en Océanie, favoriser l’intégration régionale des PTOM et maintenir leurs financements après 2020.

Rendez-vous à Apia en septembre

En matière de coopération bilatérale, l'État accompagnera le gouvernement calédonien dans la mise en œuvre des plans et cadres conjoints signés avec la Nouvelle-Zélande en septembre 2016 et le Vanuatu en mars 2017, et dans l'élaboration d'autres accords similaires, dont celui en préparation avec l'Australie. Et, sur le plan multilatéral, il aidera la Nouvelle-Calédonie à formaliser son adhésion au Forum des Îles du Pacifique tout en préparant le plus en amont possible les réunions politiques et techniques visant des compétences de l'État auxquelles participera la Nouvelle-Calédonie. Le prochain sommet du FIP se tiendra à Apia, aux Samoa, début septembre. Tout comme la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie y assistera pour la première fois comme membre de plein droit.

En attendant, Philippe Germain et son équipe du Service de la coopération régionale et des relations extérieures (SCRRE) peaufinent les prochaines missions diplomatiques dans la région : aux Salomon début avril, à Fidji en juin et en Papouasie-Nouvelle-Guinée au quatrième trimestre 2017. Tout en œuvrant à la candidature calédonienne au statut de membre associé de l’Unesco. Une candidature sur laquelle la conférence générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture pourrait statuer en octobre prochain. D'ici là, le réseau diplomatique en place dans les États de la région a promis de mener un travail d’information efficace.