À l’ONU, un discours « historique »

11 octobre 2018

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Le président du gouvernement collégial a rappelé le chemin parcouru ces 30 dernières années et dit son espoir de « paix et de prospérité » pour l’après-référendum.

Philippe Germain était à New York, au siège de l’ONU, mardi 9 octobre (10 octobre en Nouvelle-Calédonie). Le président du gouvernement s’y est exprimé dans le cadre de la 4e Commission de l’Assemblée générale des Nations unies, qui examinait comme chaque année le processus d’émancipation de la Nouvelle-Calédonie. Avec une tonalité particulière cette année, à moins de quatre semaines du référendum d’autodétermination.

« Cette audition revêt un caractère historique, a situé le président du gouvernement en commençant son intervention, car elle intervient à quelques jours du référendum d’autodétermination qui se tiendra en Nouvelle-Calédonie le 4 novembre prochain. » Devant les représentants des Etats membres des Nations unies, Philippe Germain a rendu hommage aux deux hommes de la poignée de main, Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, à « leur courage politique, à leur sagesse et à leur vision éclairée de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ». « C’est maintenant au peuple calédonien de s’exprimer sur son avenir et celui de ses enfants, c’est sa responsabilité et sa souveraineté », a-t-il poursuivi.

« 30 ans de prospérité »

Espérant « qu’ils feront un choix tourné vers l’avenir », le président a dressé un rapide bilan des accords politiques des 30 dernières années, qui ont consacré « le rééquilibrage et le partage, la reconnaissance de l’identité kanak et les transferts de compétence ». Il s’est attardé sur « les 30 ans de prospérité. Notre PIB a été multiplié par deux fois et demie. Il est le plus élevé du Pacifique après l’Australie et la Nouvelle-Zélande […]. L’emploi a doublé et le taux d’activité est passé à 71%. » Et de citer encore la priorité à l’emploi local, le doublement du salaire minimum garanti et du nombre de bacheliers. Sans éluder les inégalités sociales et les jeunes éloignés de l’emploi, qui ont conduit le gouvernement à « déployer une vaste politique de protection sociale », « un projet éducatif calédonien très ambitieux » et « une véritable politique emploi et insertion professionnelle ». Diversification et compétitivité économique, lutte contre la vie chère, objectif de souveraineté alimentaire et énergétique, préservation de la biodiversité, le président de l’exécutif collégial a souligné les enjeux qui ont guidé sa feuille de route.

« Continuer de vivre ensemble dans la paix »

Il a enfin fait le point sur l’organisation du scrutin référendaire du 4 novembre. Date, question, corps électoral, dispositions pour faciliter le vote, contrôle du scrutin… « tout ce qui est possible me semble avoir été fait, aussi bien en termes juridiques qu’en termes de moyens, pour que la population intéressée de Nouvelle-Calédonie puisse se prononcer sur son destin », a-t-il insisté. Rappelant le « travail fondamental » mené par les forces politiques du pays, à l’invitation du Premier ministre Edouard Philippe, pour dresser un bilan partagé de l’Accord de Nouméa et construire la charte des valeurs calédoniennes, Philippe Germain a conclu ce discours très minuté à travers les mots d’un ancien vice-président indépendantiste du gouvernement : « L’important, c’est qu’au lendemain du référendum, nous puissions, Calédoniens de sensibilité indépendantiste et non-indépendantiste, nous croiser dans la rue, nous dire bonjour et continuer de vivre ensemble dans la paix et la prospérité. »

À gauche, Philippe Germain avec François Delattre, représentant permanent de la France auprès des Nations unies. À droite, avec Max Hufanen Rai, représentant permanent de la PNG.

À gauche, Philippe Germain avec François Delattre, représentant permanent de la France auprès des Nations unies. À droite, avec Max Hufanen Rai, représentant permanent de la PNG.

 

Le cadre d’intervention

Le processus d’émancipation de la Nouvelle-Calédonie fait l’objet d’un examen institutionnalisé et régulier par l’Organisation des nations unies, assuré par le Comité de décolonisation, créé en 1961. Cet organe se réunit chaque année en février pour définir son plan annuel de travail. Il organise en mai-juin un séminaire délocalisé permettant d’associer à ses débats experts et territoires inscrits. Une session de travail au siège des Nations unies permet ensuite au Comité d’adopter un projet de résolution pour chaque territoire examiné, projet transmis à l’Assemblée générale des Nations unies. Celle-ci se réunit chaque année à partir de la mi-septembre (le 12 septembre cette année) et jusqu’à la fin de l’année ; elle aborde les questions de décolonisation dans le cadre de sa 4e Commission.

Lors d’une session plénière où tous les Etats membres des Nations unies sont présents, cette commission examine la situation de l’ensemble des territoires inscrits (dits « non-autonomes ») et les projets de résolution transmis par le Comité de décolonisation. Les chefs d’exécutif des « territoires non-autonomes », ou leur représentant désigné, s’y expriment dans un format d’intervention de 7 minutes.