Quatre nouveaux “diplomates” calédoniens

21 juin 2018

Information

  De droite à gauche, trois des quatre futurs délégués – Rose Wete, Alexandre Lafargue et Cécilia Madeline – aux côtés de Philippe Germain et François Bockel, chef du SCRRE.

De droite à gauche, trois des quatre futurs délégués – Rose Wete, Alexandre Lafargue et Cécilia Madeline – aux côtés de Philippe Germain et François Bockel, chef du SCRRE.

Philippe Germain présentait ce mercredi 20 juin les quatre nouveaux “délégués pour la Nouvelle-Calédonie”. Ils prendront leur poste en juin ou juillet prochain dans les ambassades de France en Australie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Fidji et au Vanuatu. Mais avant, ils partent pour une dizaine de mois de formation qui démarre dès le 25 juin à Sciences-Po Paris.

« Une ambassade est “un État dans l’État”. La relation ambassadeur-délégué doit être basée sur la confiance et la transparence, afin de servir l’objectif commun – pour Paris et pour Nouméa – d’insertion de la Nouvelle-Calédonie dans son environnement régional. Véritable vitrine dans son pays d’affectation, le délégué doit donc faire preuve d’exemplarité et de crédibilité. » C’est ainsi que Yves Lafoy, affecté en 2012 à l’ambassade de France à Wellington, conçoit sa mission de “délégué pour la Nouvelle-Calédonie”.

Dans un an, quatre collègues le rejoindront, deux vingtenaires et deux trentenaires, deux femmes, deux hommes, tous Calédoniens, tous nourris au sein des relations internationales et de la coopération régionale. Des pièces essentielles dans la stratégie de diplomatie économique développée depuis trois ans par Philippe Germain. Recrutés par le président du gouvernement pour une période de trois ans, renouvelable, ils représentent les intérêts calédoniens dans les postes diplomatiques et consulaires de la République française au sein d’États et territoires du Pacifique. « Leur rôle est de faciliter l’intégration régionale de la Nouvelle-Calédonie, d’être notre image et notre lien permanent, de relayer notre message et d’organiser l’application des accords qu’on a signés avec leur pays d’affectation. » Et même de les bâtir, comme le fit Yves Lafoy pour l’accord de coopération avec la Nouvelle-Zélande signé en septembre 2016.

Une formation sur mesure

« Le délégué doit aussi apporter son concours aux entreprises calédoniennes, être leur porte-parole ainsi que le relais du cluster NCT&I », poursuit le président du gouvernement. Ce qu’a également réalisé Yves Lafoy, en négociant avec ses interlocuteurs néo-zélandais qu’ils se montrent plus souples en matière de barrières phytosanitaires et de normes, ce qui a permis de faciliter l’exportation de lambris PVC (et bientôt de saucissons) en provenance de Nouméa.

La formation sur mesure proposée par l’Institut d’études politiques de Paris Sciences-Po, dans le cadre d’une convention signée avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, devrait permettre d’aguerrir nos élèves-délégués aux subtilités de la coopération régionale. À travers quatre modules intensifs d’une semaine qui leur préciseront les bases nécessaires à l’exercice de la diplomatie, mais surtout six mois et demi de stages en immersion, au sein de quatre ambassades de la région, de la CPS et du Programme régional océanien pour l'environnement (PROE) à Apia (Samoa).

À l’issue de la formation, intégralement financée par la Nouvelle-Calédonie, le président du gouvernement nommera chaque délégué à son poste : à Fidji, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Vanuatu et en Australie… ou plus exactement en Nouvelle-Zélande, puisque Yves Lafoy quittera Wellington pour Canberra. Parcours, personnalités, vœux, critères familiaux, toutes ces données seront examinées pour le choix de l’ambassade. « L’objectif est également de les amener à changer à terme de représentation. D’autant que la Nouvelle-Calédonie est appelée à avoir plus de cinq délégués ! »

Témoignages

- Alexandre Lafargue (25 ans) : « Je suis très heureux d'avoir été sélectionné et conscient de l’importance de notre mission, je réalise la superbe opportunité qui m'est offerte de mettre mes compétences au service du renforcement de l'action extérieure de la Nouvelle-Calédonie. Les délégués travailleront ensemble à l'élaboration d'un plan d'action conjoint, puis propre à chaque pays, qui comportera certainement un focus particulier sur la coopération scientifique, culturelle, sportive ainsi que sur la diplomatie économique. »

- Cécilia Madeleine (24 ans) : « Ayant réalisé un parcours d'études en relations internationales centré sur la région Pacifique, pour laquelle je manifeste un grand intérêt, je suis particulièrement honorée et enthousiaste d'avoir été sélectionnée. Parmi les différents enseignements que nous recevrons à Sciences-Po Paris, la gestion de crises et la négociation m'intéressent tout particulièrement. La première phase de mon travail ensuite consistera à évaluer les besoins et les opportunités d'échange avec mon pays d’affectation, en accord avec le plan d'action conjoint que nous aurons construit ensemble et avec les directives politiques et économiques de la Nouvelle-Calédonie. »

- Gaston Wadrawane (32 ans) : « L'accompagnement académique d'excellence préparé à Paris et complété par des périodes de stage au sein de notre futur environnement professionnel, devrait nous doter des savoir-être et savoir-faire, et consolider les capacités d'analyse propres au métier de diplomate. Nous aurons ensuite une grande responsabilité, celle de représenter avec exemplarité la Nouvelle-Calédonie, d'être ses relais et surtout de faciliter les échanges économiques, commerciaux et culturels, en synergie avec l'ensemble des partenaires. Je mesure l’importance de ces postes, dont l’ouverture était attendue depuis très longtemps. »

- Rose Waen Wete (33 ans) : « C’est un grand honneur et un privilège de pouvoir représenter notre pays dans le Pacifique, de contribuer à son rayonnement, au service de notre population. Ma priorité consistera à développer un réseau auprès des acteurs institutionnels et privés, afin de promouvoir les échanges culturels et économiques entre nos territoires. La pression est importante, mais je vais l’assumer. Je pense avoir le bagage, la compétence et la motivation pour remplir la mission qui m’est confiée. Je suis une jeune femme de Gossanah, Ouvéa, qui a grandi dans la région océanienne, et j’espère que ma réussite motivera notre jeunesse et l’aidera à croire en son destin. »

Comment ils ont été sélectionnés

Le poste de délégué pour la Nouvelle-Calédonie était ouvert aux Calédoniens titulaires d’un diplôme homologué de niveau I en droit international, relations internationales ou commerce international ou justifiant d’une formation, d’un diplôme universitaire ou d’une expérience professionnelle directement en lien avec le droit, les relations ou le commerce international. Ils devaient en outre détenir un certificat d’aptitude en anglais de niveau 5 basé sur l’IELTS. Sur les 25 qui ont présenté leur candidature, six ont été retenus à l’issue des épreuves (deux se sont ensuite désistés) – un écrit de 4 heures (rédaction d’une note de synthèse relative aux relations internationales et régionales et au droit international public), un oral en langue anglaise portant sur les mêmes thématiques, à partir d’un sujet tiré au sort, et un entretien en français visant à apprécier les aptitudes du candidat. Le jury était composé de huit membres représentant le gouvernement, le Congrès, l’Université, la CPS et le ministère des Affaires étrangères.