De nombreux accords négociés au FIP
30 juillet 2022
Le 51e Forum des îles du Pacifique, organisé du 11 au 15 juillet à Suva, aux îles Fidji, a permis aux dirigeants des 17 pays membres de faire le point sur les grandes orientations politiques de la région. En parallèle, le président du gouvernement Louis Mapou, chef de la délégation calédonienne, a multiplié les rencontres politico-économiques bilatérales, aux retombées très concrètes. Un bilan particulièrement positif.
Après trois ans d'absence en raison de la crise sanitaire, le 51e Forum des îles du Pacifique (FIP) s’est tenu à Suva, aux îles Fidji du 11 au 14 juillet. « Il s’agit d’un Forum historique, car cette année a été l’occasion de commémorer les 50 ans de cette organisation politique et économique de la région qui encourage la coopération entre les gouvernements », a indiqué Louis Mapou.
Durant quatre jours, le FIP a été le théâtre de conférences plénières entre dirigeants politiques, accompagnées de séquences de dialogue au cours desquelles les représentants des États et territoires membres ont pu s’interroger sur les grands enjeux du bassin tels que le changement climatique, les océans et la préservation des ressources, mais aussi « la stratégie 2050 » pour le continent bleu du Pacifique, soit le modèle qui définira ette vision collective pour la région
« Renforcer la solidarité régionale »
Le sommet a été marqué par les rivalités géopolitiques dans la région, notamment entre les États-Unis et la Chine. La vice-présidente des États-Unis Kamala Harris a annoncé lors d'une allocution vidéo que Washington allait ouvrir deux nouvelles ambassades à Tonga et Kiribati, nommer un envoyé régional et injecter 600 millions de dollars supplémentaires dans la région.
Les petits pays sont aujourd’hui sujets à énormément de convoitises et de pression de la part des grandes puissances. Ce Forum a surtout été l’occasion de renforcer la solidarité régionale afin d’influer sur les décisions qui seront prises à l’avenir dans le Pacifique », a déclaré Louis Mapou. Le cadre de gouvernance de l’organisation a été notamment revu avec notamment l’intégration de l’Australie dans la sous-structure Mélanésie et celle de la Nouvelle-Zélande dans la sous-structure Polynésie. Tous les pays membres ont également accepté l’accord de Suva, en vertu duquel la question de la nomination du secrétaire général sera cadrée par un mécanisme qui devra tenir compte de la représentation des sous-régions dont la Micronésie.
Rencontres bilatérales
En parallèle, de nombreux contacts se sont noués ou approfondis à l’occasion de plusieurs entretiens bilatéraux. La délégation de la Nouvelle-Calédonie, conduite par le président du gouvernement Louis Mapou, était aussi composée de Mickaël Forrest, membre du gouvernement chargé de la promotion internationale du tourisme et du suivi des relations extérieures et de Roch Wamytan, président du Congrès.
C’est ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont souhaité renforcer leur relation avec la Nouvelle-Calédonie en termes d’échanges scolaires, de sécurité régionale, mais aussi d’économie bleue. Le Vanuatu et les îles Salomon ont réaffirmé leur volonté de développer des relations commerciales bilatérales, en valorisant les secteurs stratégiques en croissance. Une déclaration d’intention pour la mise en place d’un cadre conjoint de libre échange et pour faciliter les partages d’expérience et de bons procédés devrait d’ailleurs être signée avec le Vanuatu, dans les meilleurs délais.
Accord gagnant-gagnant avec Fidji
Un accord de principe a été formulé entre la Nouvelle-Calédonie et les îles Fidji. Le territoire devrait aider les Fidji à la mise en place d’un code minier pour encadrer l’extraction de ses ressources minérales aurifères en contrepartie d’un soutien face à la pénurie de médecins. « J’ai été agréablement surpris du potentiel dont dispose Fidji. Ils sont prêts à venir nous aider. Néanmoins, pour le moment le code de la santé en Nouvelle-Calédonie interdit l’exercice d’un médecin étranger. Je pense qu’il serait possible de travailler sur un même référentiel. Il faut que le débat ait lieu au Congrès », a indiqué Louis Mapou.
Culture de coopération régionale
« En Nouvelle-Calédonie, nous n’avons pas encore de culture de coopération régionale et notre implication dans le Pacifique reste ponctuelle », a confié le président du gouvernement, au retour de Fidji. Pourtant « elle est considérée comme un réel acteur » a-t-il ajouté. Admise au statut d’observateur au lendemain de l’accord de Nouméa en 1999, la Nouvelle-Calédonie est devenue membre associé au Forum de 2009, puis membre à part entière en septembre 2016, avec la Polynésie française, lors de la 47e réunion de Pohnpei en Micronésie. « Cette appartenance à la région est une opportunité, une chance mais aussi un devoir. Nous devons résolument faire plus ».
Les participants au 51e FIP
Le Forum des îles du Pacifique compte en théorie 18 États et territoires
membres : l'Australie, les îles Cook, les États fédérés de Micronésie, Fidji, Kiribati, Nauru, la Nouvelle-Zélande, Niue, les Palaos, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la République des îles Marshall, Samoa, les îles Salomon, le royaume de Tonga, Tuvalu, le Vanuatu, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.
L’évènement a été́ marqué par le départ des îles Kiribati du Forum, quelques jours avant le début des discussions, ses représentants ayant le sentiment d’être mis à l’écart. En février, les Palaos avaient également claqué la porte, exprimant leur déception face à l'échec du candidat qui avait leurs faveurs.
Urgence climatique
À l’issue du sommet du Pacifique, les dirigeants des « îles vulnérables du Pacifique », qui se retrouvent en première ligne face à la montée des eaux, ont demandé, le 18 juillet 2022, dans un document stratégique commun pour 2050, adopté après trois jours de discussions, une action mondiale « urgente » contre le changement climatique. Concrètement, ils demandent à la Cour internationale de justice, siégeant à La Haye (Pays-Bas), qu’elle précise l’obligation des États « de protéger les droits des générations actuelles et futures contre les effets néfastes du changement climatique ». La région, ont-ils déclaré, se trouve en « première ligne face aux effets néfastes du changement climatique » constituant une menace « existentielle » à leur survie.