Un climat consensuel autour de la planète

16 décembre 2017

Information

Le One Planet Summit a rassemblé une soixantaine de chefs d’États et de gouvernement.

Les conséquences écologiques, sociales et économiques liées au changement climatique s’aggravent. L’intensité et la fréquence des catastrophes naturelles ne cessent de croître, et tous les pays ont fait de l’adaptation à ces changements une priorité. Deux ans après l’Accord de Paris, la France co-organisait ce mardi 12 décembre le Sommet One Planet. Jean-Louis d’Anglebermes y représentait le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

L’action en faveur du climat nécessite désormais une mobilisation totale de la communauté internationale. « Il faut maintenant des engagements clairs et fermes. L'Accord de Paris est un point de départ auquel nous tenons et sur lequel nous ne lâcherons rien », a prévenu Emmanuel Macron, en préambule d’un sommet ayant pour ambition d'élaborer « un plan de bataille concret » dans la mobilisation de fonds publics et privés en faveur de la lutte contre le changement climatique.

Les trois objectifs de One Planet – adaptation, atténuation et mobilisation – ont été déclinés par les organisateurs : Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, Emmanuel Macron et Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale. Ou comment trouver de nouveaux moyens de financer l’adaptation de nos modes de vies aux transformations inéluctables, d’accélérer encore la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’ancrer les problématiques climat au cœur de la finance.

Plus de 50 intervenants (organisations internationales, fondations, ONG, entrepreneurs, investisseurs, membres de gouvernements, acteurs locaux, scientifiques) ont planché autour de quatre tables rondes : changer l’échelle de la finance pour l’action climat ; verdir la finance en faveur d’une économie durable ; accélérer l’action locale et régionale en faveur du climat ; renforcer les politiques publiques pour la transition écologique et solidaire.

Sauver la planète, après avoir sauvé la finance…

Pour la Nouvelle-Calédonie, représentée par Jean-Louis d’Anglebermes, vice-président du gouvernement, l’enjeu de ce sommet était de rappeler la demande de soutien de l’État à l’éligibilité de la Nouvelle-Calédonie à certains mécanismes financiers européens, notamment le Fonds vert (lire l’encadré ci-dessous). Et d’interpeller l’État pour que des financements nationaux et européens supplémentaires puissent accompagner les PTOM dans leurs efforts de transition écologique.

Le président de la République française, qui espère que l’Europe pourra compenser financièrement le manque à gagner dont pourrait souffrir la recherche scientifique du fait du retrait américain de l’Accord de Paris, a créé à l’issue du sommet la « One Planet Coalition » et annoncé le lancement d’une plate-forme où chaque engagement sera recensé, en toute transparence.

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a conclu par des paroles qu’on souhaite prémonitoires : « Ce qu’on a été capable de faire pour sauver le système financier lors de la crise de 2008, soyons capables de le faire pour sauver la planète ».

Les principaux engagements

Les participants ont présenté près de trente projets, souvent liés à la transparence financière et regroupés sous douze chapitres, allant de la création d'un observatoire spatial sur le climat à la promesse formulée par 34 pays de plafonner les émissions de CO2 liées aux transports maritimes.

- Début 2018, le groupe de haut niveau de la Commission européenne portant sur la finance durable présentera des recommandations pour une réforme du cadre financier de l'Union européenne. Objectif, réorienter les investissements vers des technologies et des entreprises plus durables.

- La Banque mondiale ne financera plus l'exploration et l'exploitation de pétrole et de gaz après 2019.

- Les 23 banques de développement nationales et régionales du réseau IDFC (Chine, Allemagne, Brésil, Suède, Canada, France…), ainsi que les banques multilatérales de développement, ont décidé d'augmenter à plus de 200 milliards de dollars les financements dédiés à la mise en œuvre de l'Accord de Paris.

- À l'initiative de la France, la Norvège, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït et la Nouvelle-Zélande vont lancer une coalition inédite visant à diriger en priorité les financements vers l'action climatique.

- 225 grands investisseurs institutionnels se sont engagés à faire pression sur les 100 entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre : grands groupes pétroliers et gaziers, acteurs du secteur des transports, groupes miniers et sidérurgiques…

- L'assureur français AXA va désinvestir 2,4 milliards d'euros de ses actifs dans le charbon et 700 millions d'euros dans les sables bitumineux.

- Doté de 300 millions de dollars, un fonds de lutte contre la dégradation des terres et la désertification, auquel participent la France, le Canada et d’autres partenaires, a été lancé.

Le Fonds vert pour 2018 : Lors du 10e comité de suivi sur le partenariat entre l’Union européenne et les pays et territoires d’Outre-mer (PTOM), le 31 octobre dernier à Paris, la ministre des Outre-mer Annick Girardin s’était exprimée sur la suppression au budget 2018 de l’État de “l’équivalent Fonds vert”, mis en place en 2017 et destiné à soutenir les trois collectivités françaises du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna) dans la lutte contre le réchauffement climatique (il avait permis de financer 17 projets pour un montant total d’environ 60 millions d’euros). La ministre avait indiqué sa volonté de faire évoluer ce programme de financement vers un Fonds vert européen. Elle a profité du sommet One Planet pour annoncer la création en 2018 d’un Fonds vert dans tous les territoires ultramarins. Fonctionnant sur la base de prêts à taux zéro, il sera mis en œuvre par l'Agence française de développement (AFD). Les Assises des Outre-mer permettront de faire remonter les projets éligibles à ce dispositif et d’en préciser les contours.