Une coopération exemplaire pour un accord particulier
19 juin 2018
Une délégation du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie s’est rendue à Wallis-et-Futuna du 13 au 16 juin d’une part, pour participer au 4e comité de suivi de l’accord particulier signé en 2003 entre l’État et les deux collectivités françaises du Pacifique et d’autre part, pour explorer les pistes d’un nouvel accord.
Signé le 1er décembre 2003 au ministère des Outre-mer à Paris, l’accord particulier entre l’État, la Nouvelle-Calédonie et les îles Wallis et Futuna trouve sa source dans l’Accord de Nouméa de 1998. Ce cadre fixe les relations entre les territoires et vise à accompagner et à soutenir le développement de Wallis-et-Futuna à travers des actions de coopération dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la formation, etc. (lire l’encadré). Le dernier comité de suivi concernant l’accord particulier remontait à 2012.
« Quinze ans après, il est temps de se lancer dans une nouvelle relation et d’y inscrire des priorités qui seront plus proches des changements du monde auxquels nous devons nous adapter », souligne le secrétaire général du gouvernement à la tête de la délégation, Alain Marc, qui a lui-même participé à l’élaboration du premier accord.
Pendant trois jours, les missionnaires – directeurs et chefs de services de la Nouvelle-Calédonie* – ont enchaîné une dizaine de rencontres avec les services de l’État et du territoire, mais aussi avec les élus et les autorités coutumières. Une méthode saluée par tous. « Vous êtes venus toucher du doigt la réalité du quotidien des Wallisiens et Futuniens. Ce contact direct avec les gens qui ont en charge les dossiers permet de mieux les comprendre », se félicite David Vergé, le président de l’Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna pour qui l’accord particulier représente « le cordon ombilical et la concrétisation de la fraternité » entre les deux territoires.
Ces entretiens fructueux ont montré que « l’esprit de coopération et de soutien, au cœur de l’accord particulier de 2003, est toujours aussi présent pour lui donner un nouvel élan », selon le secrétaire général de l’Administration supérieure, Stéphane Donnot, qui représentait le préfet de Wallis-et-Futuna, retenu en Métropole en raison des Assises des Outre-mer.
De nombreuses thématiques de coopération, certaines nouvelles, ont émergé : santé, éducation, formation, jeunesse et sports, environnement, travaux publics, sécurité civile, agriculture, pêche, artisanat, culture… Les projets portés ciblent en priorité le développement économique de l’archipel, les échanges entre responsables administratifs et la formation des personnels (administratifs, enseignants, de santé, etc.). Des pistes ont été explorées entre la SECAL, représentée par sa directrice générale, Marie-Paule Robineau, et la Chambre de commerce, d’industrie, de métiers et d’agriculture (CCIMA) de Wallis-et-Futuna notamment dans le tourisme et l’entrepreneuriat. Autre exemple concret, ouvrir aux jeunes Wallisiens et Futuniens le nouveau dispositif de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, baptisé TREC, qui a pour objectif de favoriser la réussite des étudiants en licence et une meilleure préparation dans la perspective d’études supérieures en métropole.
La communauté wallisienne et futunienne en Nouvelle-Calédonie est plus importante en nombre qu’au sein du fenua. Pour le secrétaire général du gouvernement, ces partenariats répondent donc à des enjeux locaux mais également régionaux : « Un renforcement de la coopération entre Wallis-et-Futuna, la Nouvelle-Calédonie, et aussi la Polynésie française, doit permettre de mieux y faire face dans un environnement en majorité anglo-saxon », insiste Alain Marc évoquant la politique d’intégration régionale menée par le gouvernement calédonien.
Les services vont désormais poursuivre leur collaboration à distance afin de finaliser les projets et une nouvelle version de l’accord dont cette mission a permis de poser les bases. « Nous n’avons pas suffisamment utilisé ce levier de développement pour les Wallisiens et les Futuniens, regrette David Vergé. Il faut doter cet outil d’une meilleure méthodologie avec davantage de rigueur dans le suivi et en même temps une plus grande flexibilité afin de rendre plus vivant et dynamique le prochain accord qui sera signé ». Une signature qui pourrait intervenir dans le courant du mois d’août entre le préfet administrateur supérieur de Wallis-et-Futuna, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et le président de l’assemblée territoriale.
* Direction des Infrastructures, de la topographie et des transports terrestres (DITTT), direction de l’Industrie, des mines et de l’énergie (DIMENC), direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS), Vice-rectorat, service de la Coopération regionale et des relations extérieures et Société d’équipement de la Nouvelle-Calédonie (SECAL).
Quinze ans d’accord et des actions
Avec l’appui de la Nouvelle-Calédonie, plusieurs opérations ont été menées comme la formation initiale d’enseignants du 1er degré de Wallis-et-Futuna en Nouvelle-Calédonie, la création d’une caisse unique de protection sociale ou encore la formation d’infirmiers et d’aides-soignants grâce à l’ouverture de l’Institut de formation des professions sanitaires et sociales (IFPSS) aux étudiants wallisiens et futuniens. Toujours dans le secteur de la santé, une convention est en cours depuis 2016 afin de cadrer les échanges entre les organismes de protection sociale de chaque territoire, tandis qu’une autre, avec le CHT, pose les principes d’accueil et de prise en charge des patients en vue de maîtriser les coûts. Concernant le domaine économique, un local d’exposition et de vente d’artisanat de Wallis-et-Futuna a ouvert ses portes en 2013 au centre-ville de Nouméa (49 rue Jean-Jaurès, à proximité de la place des Cocotiers) avec le soutien du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Ce partenariat, initié par le Conseil territorial des femmes, doit se poursuivre et trouver des moyens de se développer. L’accord a aussi permis un rapprochement entre les chambres consulaires calédoniennes et la CCIMA. « Cela nous a beaucoup aidé pour la structuration de notre chambre qui regroupe les trois secteurs d’activité. Avec la CCI, nous travaillons sur la mise en place d’un centre de formalités des entreprises et sur le développement d’une filière tourisme. L’idée est aussi de mutualiser des formations à destination de nos ressortissants », détaille Denis Eshram, directeur de la CCIMA.